Découvrir, parcourir ou survivre avant tout. Rêve de voyage, d’une autre vie, frontières fermées pour certains, autorisées pour d’autres, pays baigné du passé colonisateur (1), du passé colonisé. Je suis issue de cette mémoire collective, où certains hommes ont imaginé des zoos humains (2), à Paris ou à Londres, je suis témoin de ce présent où d’autres laissent périr à leurs portes des enfants. Qui n’est pas complice de ce déclin, de cette perte d’humanité ? Être interpellé par les actes de ses ancêtres, n’est-ce pas l’être aussi par ceux de ses contemporains ? Moi je pense à parcourir leurs pays, eux risquent leurs vies, s’accrochent à des barbelés hissés par leurs frères (3), pour découvrir le nôtre. D’autres marchent inlassablement dans le désert, traversent les mers. Et la poignée de femmes et d’hommes qui survivent se retrouvent, une fois de plus, quelques décennies plus tard, face non seulement aux regards mais aux armes des autres. Les autres, ou nous, juges et maîtres de leurs destins. Certaines de leurs terres ont été convoitées, exploitées et maintenant ces peuples migrent vers des bras européens qui se replient.